Extrait du journal
grises, conduisait le cheval par la bride, et se retournait de temps à autre vers les jeunes filles, avec un air de sollicitude à la fois respectueuse et paternelle ; il s'appuyait sur un long bâton ; ses épaules encore robustes, portaient un "sac de soldat; sa chaussure poudreuse, ses pas un peu tratnans, annonçaient qu'il marchait depuis long-temps. Un de ces chiens, que les peuplades du nord de la Sibérie attèlent aux traîneaux, vigoureux animal, à peu près de la taille, de la forme et du pelage d'un loup, suivait scrupuleusement les pas du conducteur de la petite caravane, ne quittant pas, comme on dit vulgairement, les talons de son maître. Rien de plus charmant que le groupe des deux jeunes filles. L'une d'elles tenait de sa main gauche les rênes flottantes, et de son bras droit entourait la taille de sa sœur endormie, dont la tête reposait sur son épaule. Chaque pas du cheval imprimait à ces deux corps sou ples une ondulation pleine de grâce, et balançait leurs petits pieds ap puyés sur une palette de bois servant'd'étrier. Ces deux soeurs jumelles s'appelaient Rose et Blanche , par un doux caprice maternel: alors elles étaient orphelines, ainsi que le témoi gnaient leurs tristes vêtemens de deuil à demi usés. D'une ressemblance extrême, d'une taille égale, il fallait une constante habitude de les voir pour les distinguer l'une de l'autre. Le portrait de celle qui ne dormait pas pourrait donc servir pour toutes deux ; la seule différence qu'il y eût entre elles à ce moment, c'était que Rose veillait, et remplissait ce jour-là les fonctions d'aînée, fonctions ainsi partagées, grâce à une imagination de leur guide; vieux soldat de l'empire, fanati que de la discipline, il avait jugé à propos d'alterner ainsi entre les deux orphelines la subordination et le commandement. Greuse se fût inspiré à la vue de ces deux jolis visages, coiffés de bé guins de velours noir, d'où s'échappait une profusion de grosses bou cles de cheveux châtains clairs, ondoyans sur leur cou, sur leurs épaules, et encadrant leurs joues rondes, fermes, vermeilles et sati nées ; un œillet rouge , humide de rosée, n'était pas d'un incarnat plus velouté que leurs lèvres fleuries ; le tendre bleu 'de la pervenche eût semblé sombre, auprès du limpide azur de leurs grands yeux où se peignaient la douceur de leur caractère et l'innocence de leur âge ; un front pur et blanc, un petit nez rose, une fossette au menton, achevaient de donner à ces gracieuses figures un adorable ensemble de candeur et de bonté charmante. Il fallait encore les voir, lorsqu'à l'approche de la pluie ou de l'orage...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
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