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Le Constitutionnel, 29 juin 1844

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Le Constitutionnel
29 juin 1844


Extrait du journal

Rose, ce soir-là, occupait le bord du lit, ses deuxbras arrondis se croi saient derrière sa tête, qu'elle tournait à dem i vers sa sœur: celle-ci, •accoudée sur le traversin, la regardait en souriant, et lui disait : — Crois-tu qu'il vienne encore cette nuit ? — Oui, car hier... il nous l'a promis. — Il est si bon... il ne manquera pas à sa promesse. — Et puis si joli, avec ses longs cheveux blonds bouclés. — Et son nom... quel nom charmant... comme il va bien à sa figure! — Et quel doux sourire, et quelle douce voix quand il nous dit, en nous prenant par la main... « Mes enfans, bénissez Dieu de cequ'il vous » a donné la même ame... Ce que l'on cherche ailleurs, vous le trou» verez en vous-mêmes... — Puisque vos deux cœurs n'en fontqu'un... » a-t-il ajouté. — Quel bonheur pour nous, de nous souvenir de toutes ses paroles ! ma sœur. — Nous sommes si attentives. . tiens... te voir l'écouter, c'est com me si je me voyais l'écouter moi-même, mon cher petit miroir ? — dit Rose en riant et baisant sa sœur au front. — Eh bien ! quand il parle, tes yeux... ou plutôt nos yeux... sont grands, grands ouverts, nos lèvres s'agitent comme si nous répétions en nous-mêmes chaque mot après lui... Il n'est pas étonnant que nous n'oublions rien de cequ'il dit. — Et ce qu'il dit est si beau, si noble, si généreux l — Puis, n'est-ce pas, ma sœur, à mesure qu'il parle, qùe de bonnes pensées on sent naître en soi ! Pourvu que nous nous les rappelions tou jours... — Sois tranquille, elles resteront dans notre cœur, comme de petits oi seaux dans le nid de leur mère. — Sais-tu, Rose, que c'est vin grand bonheur qu'il nous aime toutes deux à la fois. — Il ne pouvait faire autrement, puisque nous n'avons qu'un cœur à nous deux. — Comment aimer Rose sans aimer Blanche ? — Que serait devenue la pauvre délaissée ? — Et puis il aurait été si embarrassé de choisir? — Nous nous ressemblons tant. — Aussi, pour s'épargner cet embarras —dit Rose en riant— il nous a choisies toutes deux... — Cela ne vaut-il pas mieux? Il est seul à nous aimer... nous sommes deux à le chérir... — Pourvu qu'il ne nous quitte pas jusqu'à Paris. — Et qu'à Paris... nous le voyions aussi... — C'est surtout à Paris... qu'il'sera bon de l'avoir avec nous... et avec Dagobert... dans cette grande ville... Mon Dieu, Blanche, que cela doit être beau!... — Paris?... ça doit être comme une ville d'or... — Une ville où tout le monde doit être heureux... puisque c'est si beau... * — Mais nous, pauvres orphelines, oserons-nous y entrer seulement?... Comme on nous regardera? — Oui... mais puisque tout le monde y est heureux , tout le monde doit y être bon. — Et l'on nous aimera... — Et puis nous serons avec notre ami... aux cheveux blonds et aux yeux bleus....

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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