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Le Constitutionnel, 30 avril 1844

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Le Constitutionnel
30 avril 1844


Extrait du journal

comme si sa glorieuse main eût tenu le sceptre du roi en même temps que l'épée du soldat. Le Charles de Mornay du dix-neuvième siècle représente dignement la France à Stockholm. Il exerçait un certain empire sur l'espritdu vieux roi Jean, qui voulait à tout prix oublier qu 'il était né Français. La mort de Bernadotte a fermé pendant quelque temps les salons de Mme la maréchale d'Albuféra, parente du feu roi. Aujourd'hui l'étiquette est satisfaite ; et la maréchale a repris ses jeudis. Il y a d'ailleurs dans les salons et les châteaux, par ce beau ciel si fa vorable à la gatté et à la jeunesse, une émulation incessante de plaisirs et une concurrence passionnée de spectacles et de fêtes. Le 1 ^ mai Mme de Somailoff ouvrira à ses innombrables amis son magnifique palais, et ses élégans jardins illuminés a giorno : de la musique, de vraies fleurs, de vrais arbres, un vrai ciel à mille étoiles, des femmes jolies, voilà une vrai fête de printemps. C'est à se croireen Italie, moins les coups de stylet. Comme nous l'avons annoncé déjà, on va jouer chez Mme d'Haussonville, au château de *'**, le Misanthrope et le Philosophe sans le savoir: mais nous apprenons que ces représentations prétendent s'envelopper du plus profond mystère. Mille précautions veilleront pour qu'aucun profane ne puisse vanter les grâces de Célimène, ni admirer la sensibilité de Victorine. Mme d'Haussonville a prononcé une fatale exclusion contre tout Parisien. Que de câlineries , que de prières lui ont été adressées ! Sans pitié elle a refusé ses plus intimes amis; elle ne veut de bravos et d'éloges que de ses voisins de campagne. Pourquoi tant de sévérité, quand on a tant de talent? Une conspira tion de salon s'est, dit-on , ourdie. Des admirateurs trop passionnés avaient proposé de faire le siège du château. Ce moyen un peu violent a été repoussé : on aura recours à la ruse. Lions, amis, députés, grandes dames et jolies femmes, se transformeront en villageois et en villageoises. Aux uns la veste de camelot, le large pantalon de toile et les souliers ferrés. Aux autres le caraco d'indienne, la simple cornette, le tablier bleu de ciel et les sabots. Seigneur châtelain, dame châtelaine, défiez-vous de ces paysans de contrebande, à barbe et à moustaches. Dé fiez-vous de ces paysannes à la taille trop fine, aux mains trop blanches et aux pieds trop mignons. Vous êtes avertis. L'arrivée de la duchesse de Kent va aussi, dit-on, devenir une oc casion de fêtes à la cour. Entr'autres galanteries, le Roi a déjà en-...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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