Extrait du journal

lorsqu'une douce voix me souhaita le bonjour. Je me retournai. C'était une jeune fille qui revenait des champs. Oh! la charmante enfant! Des yeux d'un bleu de saphir, une bouche ver meille, des dents qu'on voudrait mordre, une taille divine et, pour finir, sur sa joue ruse un signe noir. Elle passa gracieuse et légère, les deux mains sur la hanche, le sourire aux lè vres, et sur la tête un chou énorme, violet comme une robe d'évêque. Son regard oblique et coquet semblait me dire : « N'est-ce pas, Monsieur, que je suis bien faite ?» J'eus un éblouissement et, transporté d'admiration, je m'écriai : — La vierge ! j'ai trouvé ma vierge ! que le Seigneur te bénisse, ô vieillard de la Maison-Rouge ! tu ne m'as pas trompé. Tout à coup la jeune fille s'arrête, ar rondit autour de sa tête son bras char mant et nu, saisit le chou violet, et, s'aidant gracieusement du genou, le dépose au bord du chemin. Je profite de cette halte pour aborder la jeune fille, et lui offpir mon aide. Mais quels mots inintelligibles et rocailleux sortent de cette si jolie bouche 1 On di rait que la belle Alsacienne a le gosier tapissé d'arêtes, et qu'elle va s'étrangler...