Extrait du journal

On eût cru assister à un second retour des émigrés. A la première nouvelle du Waterloo du pouvoir personnel, tous les invalides de la petite noblesse et de la grande bourgeoisie avaient quitté leur Coblentz. Les uns partaient de 1 Institut, les autres des salons du faubourg SaintGermain, d’autres de leurs gentilhommemitres, d’autres de leurs usines; d’autres venaient de Rome. Tous faisaient courir leurs jambes tremblotantes, redressaient leur échine, retrouvaient dans leur vanité le souffle qui manquait à leurs poumons. Ces acteurs uses de la vieille politique relevaient la tête comme des chevaux de régiment reformés lorsqu’ils entendent la trompette; la pensée qu’ils pourraient jouer une dernière fois la comédie leur donnait du ressort. Et ils se jetaient sur la scène, dans les coulisses, dans les loges d’acteurs, dans le trou du souffleur, partout, pourvu qu’ils fussent sur le théâtre et que la claque de leurs créatures remplit la salle....