Extrait du journal

LE MARCHAND D’OR. TROISIÈME VOLUME. 3t. Rernarct se leva comme frappé de stupeur. .— Vous me donnerez cent soixante-deux mille francs ! .— Oui, Monsieur. M. Bernard se demandait s’il devait en croire scs oreilles. Vous avez bien entendu, Monsieur? C’est cent soixante-deux mille francs, dit M. Bernard en appuyant sur chaque mot. — J’ai bien entendu, dit Lambert avec calme, et si vous vouiez avoir la bonté de revenir dans deux ou trois jours, nous terminerons celle affaire. — Eu vérité. Monsieur, je ne sais comment reconnaître voire générosité; les expressions me manquent... C’est qu’un pareil don... — Monsieur, dit le marchand d’or du ton le plus affectueux, je ne vous demanderai qu’une preuve de votre reconnaissance et de celle de la ville de Roubaix. — Dites, Monsieur, dites. C’est que ce don demeurera aussi secret que possible. Vous joignez la délicatesse à la générosité. Non , Monsieur, ne vous méprenez pas ; ce n’est nullement par délicatesse ni par modestie que je vous lais celle demande : c’est parce que j’ai horreur de toute espèce de bruit ; je ne veux pas qu’il s’en fasse autour de mon nom. Il 6€ra fait suivant votre désir, et le conseil municipal de la ville de Roubaix saura seul le nom du bienfaisant philanthrope qui a contribué dans une si large part à l'exécution de son projet. — Le conseil municipal ne pourrait-il pas l’ignorer? — C’est impossible, Monsieur; le conseil... Tant pis ! Enfin faites pour le mieux ; vous avez compris ma pensée. — Parfaitement. M Bernarel se confondit encore pendant quelques minutes en remerciements et en expansion de cœur ; puis il prit congé, pour revenir quelques jours plus lard, ainsi que Lambert l’en avait prié....