Extrait du journal

— Aline, mon enfant, tu es d’une indiscrétion !... — Mais non, vraiment. Madame, il n’y a nulle indiscrétion à vouloir connaître la biographie de Patau. Je serai fort heureux de contenter la bien veillante curiosité de mademoiselle ; je ne regrette qu’une chose.... — Et quoi donc. Monsieur? lit la jeune fille, craignant déjà de voir l'histoire lui échapper. — C’est que M. Palan ne soit pas assez lettre pour vous conter lui-même sa vie ou écrire ses mémoires. Je suis bien convaincu qu’il eût été on ne peut plus heureux de satisfaire un des désirs de sa charmante protectrice. — Vous disiez, Monsieur, que vous aviez de grandes obligations à ce bon animal ? s’empressa de reprendre Aline pour remetttre le conteur sur la trace de l’histoire si impatiemment attendue. — Oui, Mademoiselle ; Patau, que vous voyez au jourd’hui gros et gras, est un pauvre enfant aban donne. Je le trouvai un matin près de notre porte, l’hiver, par un temps de neige, grelottant et prêt à mourir de froid et de faim ; il était fort sale et fort laid. Au moment où je rentrais à la maison, il me regarda d’un air si suppliant, l’eloquence de ses yeux fut si persuasive, que je me sentis attendri en sa faveur. Je le recueillis, regrettant qu’il n’y eut point un saint Vincent de Paul pour les chiens dé laissés. Il entra dans la maison sur mon bras. — Ab ! c’est très-bien, s’écria Aline les larmes aux yeux ; cela vous portera bonheur. — Oui, Mademoiselle, cela m’a porté bonheur le soir même. — Vraiment....