Extrait du journal
Le lendemain, Absalon vint lui annoncer solennencllement son mariage avec Ninette, et le prier, avec toutes sortes de politesse, d’être son garçon d’honneur. Ce fut le dernier coup, la plus cruelle dérision. — Garçon d’honneur î répétait sans cesse Daniel, mais ils ont donc juré de me tuer !... C’est encore une variété du métier que j’ai fait toute ma vie. Comparse, chantre, garçon d’honneur, figurant , toujours figurant, au théâtre, à l’église et dans la vie ! Cette pauvre âme, était si malade, si brisée, qu’il fallût bien que le corps fil comme elle : La flamme qui brûlait dans le cœur alluma le feu de la fièvre, une fièvre cérébrale, délirante, indiscrète. Daniel, qui jusque là avait si bien gardé le secret de son amour, l’apprit à tout le monde, dans son délire. ,— Garçon d’Iionneur, disait-il à tout instant, sans songer qu’on l’entendait. Garçon d’honneur ! quand j’aurais pu être le marié !... Qu 'est-ce que je dis donc là ? Est-ce que je puis me marier, moi ? Est-ce que je puis être aimé ? Je sais bien que je ne suis pas méchant, que je n’ai pas tiu mauvais caractère ; mais ces jeunesses, elles ont le cœur dans les yeux et je n’ai pas une belle enseigne... Il ne suffit pas que le spectacle soit beau, il faut que l’affiche soit attrayante; c’est ce que dit toujours notre régis...
À propos
Journal d'informations et d'annonces généralistes, le Courrier de Bourges traitait des actualités politiques, agricoles, littéraires ou religieuses. Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptisa le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, après la chute du Second Empire, le journal devient le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu'à sa disparition en 1902, Le Messager du Cher.
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