Extrait du journal

Nous posons là une question à laquelle depuis longtemps l’opinion publique a répondu : Oui. Les circonstances l’exigent et s’y prêtent. Nous avons la chance, au milieu de nos infortunes, d’avoir à la têteduGouvernement l’homme d’Etat le plus susceptible de faire accepter par le Sénat cette mesure, entièrement constitutionnelle et qu’il appartient au Président de la République de prendre dans le plus bref délai possible. M. Doumorgue, comme président du Conseil, destiné à présider à de nouvelles élections, a la confiance la plus complète de tous les républicains ; il la mérite ; on est sûr qu’avec lui aucun coup d’Etat n’est à redouter. Au surplus, nous avons l’exemple de l’Angleterre et de l’Allemagne. En Angleterre, la dissolution des Communes constitue une prérogative en quelque sorte classique du pouvoir exécutif. Le roi n’intervient que pour la forme. Il ne s’y oppose jamais. La GrandeBretagne, grâce à la dissolution, a toujours eu le Gouvernement répondant le mieux aux volontés de la Nation. Elle s’en est toujours bien trouvée. En Allemagne, la dissolution a permis au Président de la République de mettre un terme à la confusion des partis. Le nouveau Reichstag se montrait il aussi ingouvernable que l’assemble dissoute ? Il était dissous à son tour, et c’est ainsi que le Gouvernement du Reich est parvenu à dompter les partis et à constituer une majorité stable. Sans doute, le chancelier Hitler a poussé les choses à l’extrême ; il n’a plus voulu permettre à l’opposition d'exister. Il a dompté la représentation nationale au point de la supprimer virtuellement. Mais cet abus du pouvoir n’est pas à redouter chez nous. Il ne s’agit pas de mater l'opinion de façon à transformer les élections en un véritable plébiscite au profit d’un dictateur. M. Doumorgue ne songe pas à la dictature, il n’aspire qu’au repos. Il n’a repris en mains les leviers de commande de l’Etat que pour sauver la République des périls dont le menaçait l’indignité des Gouvernements qui, depuis deux ans, s'étaient succédé au pouvoir. La France, profondément républicaine, ne souhaite qu’une chose : avoir des gouvernants honnêtes, des mains pures et dignes d’inspirer le respect. Qu’on lui donne^de tels hommes, et la République n’aura rien à craindre de l’opinion, éprise de justice et de liberté....