Extrait du journal

On cherche un Roy Vous avez lu certainement, comme moi, cette extraordinaire et réjouissante information dans les journaux quotidiens : il paraîtrait que la grève postale aurait été fomentée, soudoyée par le parti royaliste pour fournir l’occasion au Prétendant de remonter sur le trône de ses pères. Philippe VII aurait profilé de la perturbation sociale occasionnée par la suspension des communications pour franchir la frontière. Le télégraphe et le téléphone étant muets, les pouvoirs publics n’auraient pas même été avisés de ce grave avènement. Les Camelots du Roy se seraient emparés, sans coup férir, de l’Elysée, du Président de la République, des ministères et des ministres, auraient envahi le PalaisBourbon, le Luxembourg et l’Hôteldessille. Et l’héritier de Saint Louis n’aurait eu qu’à rentrer dans sa Bonne Ville de Paris délirante d’enthousiasme et pavoisée de drapeaux blancs. Jamais plus savante intrigue et dans laquelle les péripéties s’enchaînent plus naturellement les unes aux autres n’est sorti de la féconde imagination d’Alexandre Dumas, de Paul Féval, ni de Ponaon du Terrail. Nos conspirateurs devraient faire du roman plutôt que de la politique. Us y remporteraient un brillant succès. ^Donc, M. Charles Maurras se voyait déjà chambellan, avec une belle clé d’or sur le dos; cl le jeune Réal del Sarte (un nom bien français) s’apprêtait â réparer, dans quelque opulente ambassade, les crimes de la politique antipatriotique de M. Pichon....