Extrait du journal

BAGNÈRES, 19 DÉCEMBRE 1895. Il n’est pas jusqu’à l’activité déployée par le ministère Bourgeois qui ne lui soit imputée à crime par les feuilles bien pensantes. Quoi ! un ministère radical a l’audace de faire voler le budget en temps utile, de rentrer dans la bonne gestion des finances, alors que quatre ou cinq ministères composés de républicains de nuances les plus lièges ou les plus incolores n’ont pu y parvenir et nous ont habitué pendant longues années au régime des douzièmes provisoires! Tellement habitués, que pour retarder d’une année cette difficulté, quelques amis de leur bord, il nous en souvient, avaient proposé de faire commencer l'année financière en juillet. Mais l’année suivante la situation eut été la même. Oui, ces gens-là n’en reviennent pas; M. Bourgeois et ses amis ont fait ce qu’on n’avait su faire, et déjà, ne vous en déplaise, ce ministère radical prépare le budget de 1897 ! Il est vrai qu’on nous prédit, comme on nous l’avait déjà dit, que ce ministère s’en ira après la trêve des confiseurs. Belle prophétie, qui ne s’accomplira pas plus que celles que ces feuilles bien pensantes jetaient aux quatre vents du ciel et que répétaient à satiété les Croix de chaque diocèse et les feuilles monarchiques de chaque arrondissement....