Extrait du journal

J’ai commis un crime. J'ai écrit dans Je suis Partout, avant que ce journal reçût, dans la personne de Charles Lesca et dans la mienne, l'incomparable honneur d’étire frappé par le Juif Mandel et ses valets de police, une série d’articles où je disais toute ma pensée sur le théâtre et sur la personne d'Henry Bernstein. J’avais l'audace de montrer chez ce bas négociant, chez ce fabricant de pantins érotiques, l’un des agents de décomposition les plus actifs auxquels notre malheureux pays doit sa décadence et la misère où il est tombé. Je l’écrivais, notez-le, en 1938, en un temps où il était singulier, en France, d’imprimer tout cru le mot de Juif. Tant de prosélytes ardents, que je découvre aujourd’hui dans nos rangs, se voilaient vertueusement la face en présence de ce qu’ils nommaient, pour le moins, notre sectarisme ou notre manque de mesure. La société des écrivains et des artistes était descendue si bas, elle était si prodigieusement aplatie, aliénée, avilie, qu’elle n’était plus capable de distinguer ceux qui la défendaient de ceux qui la contaminaient. Que dis-je ? Elle était au point de préférer et de combler de ses faveurs les plus rares les histrions sinistres qui préparaient à la France son lit de douleur, et nous qui luttions désespérément pour la sauver, on décrottait sur nos dosages des légions de pieds bien-pensants, on déléguait des animaux immondes pour nous outrager....