Extrait du journal

Parie, le “î avril. Nous recevons des lettres de province dans lesquelles on s’étonne de l’attention que la presse modérée de Paris accorde aux doctrines socialistes. Ces doctrines, nous dit-on, n'ont pas tait de prosélytes dans les campagnes; c’est a peine si elles y excitent la curiosité. Tout ce qu’elles ont produit, c’est une détermination inébranlable de marcher sur Paris au cas où la minorité, qui professe ces monstrueuses théories, aurait l’audace de descendre dans la rue. Nous sommes de l’avis de nos correspondants, en ce sens que nous croyons tout à fait oiseux de discuter sérieusement les idées de quelques cerveaux hallucinés. Autant vaudrait disserter avec les aliénés de Bicétre. Mais s’il faut laisser tourner sur elles-mêmes comme des toupies d’Allemagne ces têtes vides, il ne faut pas pour cela les perdre de vue. Le délire peut se traduire en actes. Proudhonne ne s’en tient plus à son innocente Banque du peuple ; il écrit le code de l’assassinat politique. 11 est bon détenir la province au courant des projets de ces agneaux, auxquels le courant d'une onde pure paraît trop pastoral pour s’y désaltérer, et qui veulent y faire passer un léger filet de sang humain....