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Le Drapeau blanc, 26 janvier 1825

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Le Drapeau blanc
26 janvier 1825


Extrait du journal

part de ce merveilleux secret. Vous croirez , peut-être , que U situa tion des malheureux émigrés, leur détresse , leur anxiété au milieu de tant d’opinions divergentes , le danger qu’ils courent, fléchiront la colère et la fierté de cet autre Achille, retiré dans sa tente ? nulle ment j il s’obstine à tenir la main fermée, et cache la lance qui gué rit les blessures. M. T. L. n’est-il pas, dans cette circonstance, ce que serait un médecin au chevet d’un malade en danger de mort, et qui, jetant un regard dédaigneux sur ses confrères de la Faculté , leur dirait : « Vous êtes tous des ignorans, vous tuez cet homme ; » eh bien ! qu’il meure : quand on l’aura enterré, je dirai ce qu'il » fallait faire 1 » Certes, voilà ce qu’on peut appeler de la vertu, du désintéressement, du patriotisme d’une étrange espèce ! Est-ce le fait d’un bon citoyen que de garder pour soi un remède capable de guérir les maux de l’Etat, et de venir se vanter hautement, à la face de son pays, d’un tel procédé? Nous n’aurions jamais cru M. T. L. capable de cet excès de misantropie , lui qui a été le pre'cpieur de Jnpiter-Scapin, et lui a dit, dans le temps, de si bonnes vérités. Est-ce que, par Itazard , les intérêts de la légitimité le toucheraient moins que ceux de l’usurpation ? Nous espérons qu’il n'en est rien, et que , dans un de ses bons momens, il nous ouvrira les trésors de cet autre Eldorado. Nous lut promettons en échange un brevet d’in vention en bonne forme, comme celui qu’il réclame pour les dis cours prononcés en t8i5, à la tribune, par le président actuel du conseil des ministres. Cependant s’il plaît à l’auteur de la Correspondance administrative de continuer à nous faire un mystère de sa merveilleuse découverte, nous serons bien forcés de 110ns en tenir au projet qui nous est of fert, malgré quelques imperfections inévitables dans un travail qui embrasse tant et de si grands intérêts. Le principe de la loi est géné ralement reconnu ; les libéraux 11’ont pu tenir contre la force et l’é vidence de la vérité ; leurs rangs ont été enfoncés de tous côtés, malgré les ellorts de leurs chefs et les savantes combinaisons d’un prélat, qui entend mieux un plan de campagne qu’une tournée pas torale , et le pamphlet que le mandement ; les auxiliaires sur les quels ils comptaient les abandonnent par bandes, les émigrés s’obs tinent à ne pas comprendre qu’il y ait de leur part déshonneur et injustice à accepter la restitution (d’une partie de ce qui leur a été enlevé, lorsqu’un archevêque libéral touche deux pensions assez mal acquises j les acquéreurs de biens nationaux . qui sont dix fois plu» nombreux que les hommes à indemniser, trouvent fort mauvais que dts gens , sans autre mission ni intérêt que l’envie de satisfaire leur amour-propre et leurs passions, prétendent maintenir une classe de propriétés sons le séquestre de l’opinion, et éterniser la division entre les anciens et les nouveaux possesseurs. Mais c’est sur le ter rain des amendemens que nos ennemis vont se rallier; là, ils tien dront ferme et avec d autant plus de succès, que. paraissant avouer enfin le principe , ils ne chicaneront plus en apparence que sur les détails, et se retrancheront derrière les difficultés, comme les gué rillas dans les défilés des montagnes. Nous acceptons ce nouveau genre de combat, pour lequel il faut être armé à la légère, et qui exige plus de ruse et d’adresse que de courage et de force. Le danger des amendemens résulte de ce qu’ils font perdre de vue le but et l’effet général de la loi, pour leur substituer un incident, mie exception, un intérêt isolé, auxquels on sacrifie trop souvent une grande masse d’avantages sociaux. L’homme doué des intentions les plus droites peut ainsi se laisser surprendre ou par la mauvais* foi d’autrui, ou par sa conviction personnelle. Il suffit de la crainte d’un seul intérêt froissé, d’une erreur probable, opposés à un grand bienfait, pour faire jeter les hauts cris aux uns et troubler la con science des autres. Il importera peu aux adversaires de l'indemnité que dix mille émigrés soient satisfaits ; ils en seront au contraire désespérés -} mais si, par exemple , quelques centaine* de spoliés ris quent de recevoir un peu moins que les autres, nous entendrons des clameurs à en devenir sourds. Cette tactique n’est pas nouvelle : ne voyons-nous pas tous les jours plaider pour les rentiers contre les contribuables, pour la capitale contre les départemens, pour quel ques coteries contre la nation tout entière? Mais nos modernes ma thématiciens politiques regardent comme un jeu de démontrer que la partie est plus grande que le tout, et que l’existence et le bien du corps social doivent être sacrifiés à l’avantage de quelques-uns de ses membres. Cé n’est pas dans cette étroite et mesquine manière de voir le» choses que doit être renfermée une discussion aussi importante : ce...

À propos

Fondé par Alphonse-Louis Dieudonné de Martainville, Le Drapeau blanc fut le grand quotidien ultra-royaliste de la Restauration. Entre 1819 et 1830, sa devise « Vive le roi ! ... quand même » visait notamment les présidents du Conseil Decazes et Villèle, qui y étaient énergiquement critiqués. Durant une courte période entre 1829 et 1830, le journal fut publié sous le nom Démocrite. Journal farouchement antilibéral, il fustigeait les avancées politiques glanées par l’opposition et soutenait une restauration plus radicale.

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Données de classification
  • de villèle
  • londres
  • france
  • autriche
  • fey
  • vienne
  • paris
  • grèce
  • italie
  • vincent
  • naples