Extrait du journal
HOYAU ME DE FRANCE. Pari* , 28 JANVIER. Le Constitutionnel reproche amèrement à M. le président du con seil des ministres de n’avoir pas exécuté tout ce qui semble à ses yeux facile et honorable. Mais les idées, les projets, les vœux surtout du Constitutionnel. de quelque couleur qu’il s’efforce maintenant de les revêtir, ne peuvent pas dire ceux du président du conseil. Si ce mi nistre avait pris le change au point d'y prêter l’oreille, il aurait mé connu ou trahi les intérêts qui lui sont confiés. M. le comte de ViIlèle n’a point été placé à la tête des affaires pour se lais* ser inquiéter ou séduire par un parti qu’irritent la soif du pouvoir et l’ardeur d’en abuser, lia d’ailleurs devant lui l’exemple de ses de vanciers. Ils lui ont enseigné à quel prix ce parti met ses leçons et ses services, et comment il est fidele à ses promesses. Aussi, depuis le début de sa carrière politique , s’est-il avancé d’un pas ferme jus qu’au centre de la France royaliste; c’est là qu’il reste fixé comme en une place d’honneur et de sûreté, d’où il regarde avec indiffé rence tomber à ses pieds les traits qu’on essaie de lui lancer, et même les flatteries qu’on lui prodigue. O11 lui reproche d’avoir voulu être ministre. En supposant qu’il ail formé un pareil vœu , qu'aurait - il donc eu d'indiscret et surtout de si rare ? En entrant dans la chambre, où le hommes d’Etat se ré vèlent , M. de ViHèle s’esl prononcé pour un système politique. Il y a été fidèle, chose peu commune parmi nous! Ce système, en triom phant, l’a naturellement porté au ministère. Il n’y fallait plus d’ef forts de sa part; et surtout il n’avait pas eu besoin, pour cela, de s'établir le coryphée d’une violente opposition; il n'a jamais ambi tionné ce genre d’honneur; d’autres le lui auraient d'ailleurs disputé, et l’ont obtenu. On l’a plus souvent entendu dans les comités et à la tribune. traiter des intérêts généraux sans passion et sans esprit de parti. Celle disposition lui avait concilié de la confiance dans le côté droit de la chambre ,et de l'estime dans l’autre. M. de Villèle. s’il eût été le coryphée d’une violente opposition , le serait très-probablement encore : ce rôle se prend plus aisément qu’il 11e se quitte. Il avait mieux vu , et autrement choisi sa place. En s’établissant au centre de son propre parti, il ralliait d’une part tout ce qu’effrayait l'opposition violente , et de l’autre tout ce qu’inquiétait la marche du ministère de ce temps ; il devenait l’homme des royalistes prononcés , mais sa ges : et c’est celui que Louis XVIII a appelé au ministère. Qu’on relise sans prévention les discours prononces par IM. de Y i Ilèle; on 11’y trouvera matière à aucun des reproches que le Constitutionnel lui a adressés; 011 n’v verra pointd’mdices d’une marche alternative ment tortueuse ou emportée : quelque chaleur *>’y fait parfois sen tir ; mais la chaleur n’est pas de la violence. l)e quelque manière que M. de Villèle soit parvenu au ministère, toujours a-t-il, aux veux du Constitutionnel, le tort de ne l’avoir pas quitté déjà deux ou trois lois. Les occasions étaient si belles, que lui seul pouvait les laisser échapper. Et, par exemple , à l’époque de la guerre d’Etpagne, M. de Villèle , selon le Constitutionnel, ne voulait pas celle guerre, et il a pu rester an pouvoir pour suivre une direction qu’il croyait dangereuse . et exécuter un projet qu’il dé sapprouvait , comme nuisible à la France. Rien de si commode que de transporter ainsi une question tout entière d’un terme à l’autre , en en supprimant les intermédiaires , qui en changent l’état ! Les disposilionsUe l’Espagne révolutionnaire étaient violemment et sous loti' les rapports hostiles pour la France; il était pressant d’v mettre un terme. Le cabinet actuel n’avait pas créé cet ordre de choses ; il l’avait trouvé devant lui, et déjà le sujet des vives inquiétudes du ministère qui venait de se retirer. Quel parti devait prendre le mi ni.11ère nouveau ? S’élancer tout-à-coup dans le parti de la guerre ? Mais , si l’on pouvait autrement luire cesser les dispositions de l’Es pagne, la reporter sur d’autres principes, et lui faire adopter des idées plus saines et conformes à ses véritables intérêts , inséparables fie ceux delà France, il fallait bien le tenter ; il n’était pas permis île le négliger : car, enfin , la guerre la plus juste n’est toujours qu’im mal nécessaire. Sans nul doute, le président du conseil a marche d’abord dans cette voie : il aurait été coupable s’il 11e l’eût pas fait, s’il eût compromis le sang et les trésors de la France, lorsqu’il les pou vait ménager encore. Mais aussi, lorsque les conseils de la sagesse ont été épuisés, lorsqu’il a été démontré qu’il n’y avait pas moyen île traiter avec I Espagne révolutionnaire , il ne restait plus qu’un •parti à prendre, celui tle la soumettre: la guerre devenait néces...
À propos
Fondé par Alphonse-Louis Dieudonné de Martainville, Le Drapeau blanc fut le grand quotidien ultra-royaliste de la Restauration. Entre 1819 et 1830, sa devise « Vive le roi ! ... quand même » visait notamment les présidents du Conseil Decazes et Villèle, qui y étaient énergiquement critiqués. Durant une courte période entre 1829 et 1830, le journal fut publié sous le nom Démocrite. Journal farouchement antilibéral, il fustigeait les avancées politiques glanées par l’opposition et soutenait une restauration plus radicale.
En savoir plus Données de classification - de villèle
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