Extrait du journal

— Je suis désolé. Mais la loi de ce pays ne vous autorise pas à y entrer... Je ne puis rien faire pour vous. Le fonctionnaire de la douane a eu un haussement d’épaules désabusé. 11 a répété cette phrase des dizaines de fois et, après chacune, il a vu sur le visage qui se tendait vers lui la même crispation des traits, le même regard douloureux et implorant. 11 arrive que l’homme, la femme se mettent à pleurer, à supplier, devant cette porte inflexible qui refuse de s’ou vrir. Rien n’y fait. Le fonctionnaire, si humain soit-il, remplit la mission pour laquelle on le paye : refouler ceux dont son pays ne veut pas. Cette scène se passe tous les jours, à toutes les heures, à presque toutes les douanes du monde : à Ellis Island, au pied de la statue de la Liberté; aux pe-...