Extrait du journal

DIPLOMATES ET PUBLICISTES. 1 91. 91AEBICE n iltlTEBIVt. ( Suite et fin. — Voir le Droit du 22 août. ) M. d’Hauterive avait montré par sa résistance à l’empereur, dans la question des immunités diplomatiques, qu'il savait préférer les inspirations de sa conscience aux faveurs du maître. Au milieu de l’obéissance de tous, il protestait contre les tendances mauvaises du pouvoir impérial, non avec cet éclat facile qui donne du courage aux timides, mais avec calme, en opposant méthodiquement ses raisons à une volonté contraire, et en les livrant à la méditation de celui auquel elles s’adressaient. Une conduite aussi courageuse que désintéressée était rare durant les dernières années de l’Empire. Avant même 1811, Napoléon était arrivé à ce moment de sa puissance où les remontrances lui semblaient importunes. Peut-être en reconnaissait-il intérieurement la justesse, et cette conviction redoublait-elle son mécontentement, il croyait qu’il devait désormais triompher des principes comme des obstacles matériels, et que l’homme qui balayait dans les champs de l’Europe asservie les armées qu’on cherchait vainement à lui opposer, devait plus facilement venir à bout des idéologues et les asservir au prestige de sa volonté et de sa gloire. Il n'en était rien, et en cela, son erreur, comme celle des grands de la terre, se berçait du fol espoir de plier à son gré les convictions et les volontés. Là se révèle la prééminence de l’intelligence sur la matière, du droit sur la force. 11 arrive que par les destinées des révolutions et par l’ascendant privilégié de quelques hommes la matière est asservie, la force cède devant une force supérieure, mais l’intelligence et le droit protestent et reparaissent bientôt, dégagés qu’ils sont du voile qui les couvrait....