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Le Feu, 1 mai 1910

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Le Feu
1 mai 1910


Extrait du journal

C’est un journal du soir qui m’apprend votre mort, Jean Moréas de Grèce et de France ! Dans l’or Du Midi dont le ciel est le parent d’Athènes, Je sens mieux le regret que votre âme lointaine Dresse comme un tombeau sur le deuil de mon cœur. Ainsi vous n'êtes plus !.... Je comprends la douleur Du vieux Quartier Latin dont vous étiez la gloire ; Le Luxembourg et les cafés de votre histoire Ne doivent en ce jour avoir ni fleurs, ni cris, Car le poète dort qui les avait fleuris. Je vous revois, mon Maître, en l’ombre du Vachette, Dans la tiède fumée qui nimbait votre tête ! Vous sembliez un fragment qu’aurait peint Delacroix. Ma jeunesse écoutait les mots de votre voix, Et la nuit s’appuyait comme une autre maîtresse Sur les vers étoilés que vous couviez sans cesse. Les longs quais n’auront plus les rimes de vos pas ; La Seine est de silence et l’eau pleure tout bas Contre les parapets déserts qui la contemplent. Moréas ! vous aviez de Paris fait un temple ! Si l’Hellade eut vos joies, Lutèce eut votre amour Et deux pays, par vous, sont tristes pour toujours....
Le Feu (1904-1943)

À propos

Données de classification
  • jean moréas
  • delacroix
  • lutèce
  • moréas
  • paris
  • grèce
  • athènes
  • luxembourg
  • france