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Le Figaro, 8 septembre 1839

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Le Figaro
8 septembre 1839


Extrait du journal

tent des robes montantes. — La moindre plaisanterie un peu équivoque les fait rougir jusqu'au blanc des yeux. — Elles trouvent les femmes de banquiers de mauvaise, compagnie et trop décolletées.—Que diable, pauvres parens, voulez-vous {qu'elles fassent du mai gre pécule de votre héritier. — Une danseuse n'a pas d'amant, elle prend un époux;—mais elle ne voudra pas de votre fils, elle veut un grand nom et des armoiries. — Après avoir refusé vingt barons et trente comtes, elle épouse un jour un duc. — Cela s'appelle comme autrefois, une mésaillancc ; mais c'est la dan seuse qui se mésallie. Tout le monde, en apprenant ce mariage, s'écrie : Quelle folie! ne croyez pas que l'on veuille parler du duc ; — c'est la danseuse que l'on dit folle et qui fait une mauvaise affaire. Les ba rons et les comtes rebutés épousent, par désespoir, de simples marquises, trop heureuses que l'Opéra veuille bien leur jeter quelque chose. Je ne parierai pas de l'argent que gagne une dan seuse, je ne dirai pas qu'il n'existe pas une profession libérale, qui en rapporte autant. — Je ne dirai pas qu'un grand écrivain , un peintre célébré gagnent à peine en un an ce qu'une danseuse ou un chanteur gagne en un moisparce que pour gagner par mois ce que ces acrobates gagnent en un an, on ne voudrait pas faire ce qu'ils font. — Je trouve donc juste qu'on leur donne de l'argent et beaucoup d'argent. Je veux bien encore qu'on leur adresse des vers ri dicules, — qu'on vante leur beauté, quoiqu'une dan seuse ne puisse pas être belle. j Mais ce qui me mettrait en grande colère si cela ne m'était pas parfaitement égal comme bien d'autres choses , c'est?" qu'on fasse des divers saltimbanques que l'on paie pour gigoter sur les théâtres, des espè ces de divinités grotesques auxquelles on adresse un encens destiné à des dieux plus réels. C'est qu'on applaudisse|un chanteur plus que le musicien dontil chan te la musique. C'est qu'on vante la décence etlanobles se d'une sauteuse qui se montre trois fois par semai ne, toute nue au public. C'est qu'on vante les vertus et le bon ton des créatures qui ne peuvent avoir d'au tres charmes que de n'avoir ni bon ton ni vertus. Donnez à un grand poète ou à un roi la vingtième partie des éloges que les journaux donnent tous les jours à des funambules parfaitement maigres et par faitement jaunes, et on vous accusera de camaraderie et de servilité, et on cassera vos vitres avec des pierres, et on vous donnera un charivari. (J'ai entendu dernièrement une sérénade donnée,...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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Données de classification
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