Extrait du journal

Vienne, 13 juillet, 6 h. 50, aoit, La nuit dernière a été un peu agitée, mais les vomissements ont totalement cessé. Maintenant, une certaine prostra tion suit les crises des jours précédents. En somme, l'apparence générale étant plus favorable, M. le général de Charette a pu, ainsi que je vous l'ai annoncé hier, être reçu par le prince. Tous deux redoutaient un peu cette entrevue, le prince surtout à qui on avait fait con naître, dans la journée, la présence du général de Charette à Frohsdorf. Le général a bien voulu me rapporter aujourd'hui son impression personnelle". Je ne la ferais point connaître si elle n'était importante, étant celle d'un homme de sang-froid qui voit le malade pour la première fois depuis deux ans. « J'ai trouvé, m'a dit le général de » Charette, M. le comte de Chambord » amaigri, la figure abattue, la voix un » peu cassée et faible, mais l'œil est en» core vif et ne me paraît pas être celui » d'un malade à l'agonie. Monseigneur » a causé avec moi presque gaîment. » Cependant à la fin il m'a dit : — « Vous » voyez un mourant. » » J'ai aussitôt répondu à Monseigneur » que sa figure n'était pas celle d'un » mourant. Il n'a pas dit non. » Il ne serait pas étonnant que, ayant » vu la mort de près, le prince ne la » préférât aujourd'hui à ce nouvel état » de langueur qui paraît se caractériser ». Cette impression du général de Cha rette concorde avec ce que je vous ai té légraphié mercredi. Les journaux viennois publient des dépêches tellement bizarres parfois, que nous conseillons à nos compatriotes qui veulent être renseignés exactement, de s'en rapporter plutôt aux télégrammes en voyés par nous autres. Français. On di rait qu'il y a entre les Viennois et nous, une différence d'appréciation qu'il est impossible d'expliquer. Mgr le comte de Paris est revenu au jourd'hui. Les princes resteront proba blement quelques jours encore à Vienne pour avoir une suite de nouvelles qu'ils espèrent favorables. Pierre Giffard....