Extrait du journal
Adèle Cibot entre donc dans la vie comme toutes les jeunes filles de son âge. Elle a une mère qui l'habille et qui lui a fait donner de l'instruction. Est-ce que : cela |ie suffit pas^selon la loi mondaine? ',, C'estici que le roman s'élève, et qu'il n'est pas besoin de hausser le ton, p^ur tom.ber du fond des petites questions enfan tines aux grandes questions sociales. Adèle a puisé de l'amour idéal dans sa première communion; les récits d'une brave ouvrière dont elle envie, dit-elle, la bonne santé morale, lui révèlent lés joies et les devoirs du ménage et de la maternité t Cet épisode de la couturière qui, tout en taillant ses robes, tout en rafistolant les toilettes fanées de madame .Cibot, ra conte l'épouvante que lui a donnée la maladie de son enfant atteint du croup, cet épisode est un tableau de maître. Je ne veux pas le citer tout entier, mais ' je l'écorne pour en donner un fragment. Moquez-vous de moi, M. Zola, c'est la page sur laquelle j'ai pleuré. La couturière épingle ses morceaux, et dit : Vous verrez plus tard comme c'est commode de ne pas aimer ses enfants. C'est la. peine, mais c'est la joie aussi. Ah I il aurait été bior reçu celui qui m'aurait dit : N'aime dçjpc ps tant ton galopin, grosse bête, ça va te donner des crampes d'estomac. Ah I oui, il aurait été bien reçu ! Quand je tenais sur mes genoux le pauvre petit plus qu'à moitié mort, cherchant do ses pauvres lèvres bleuies l'air qui ne pouvait plus entrer!... Sa figure aussi était bleue, et ses mains blanches comme un cierge... Que vou lez-vous, on sentait que l'intérieur ne voulait plus marcher! Et cependant il avait toujours ses deux grands yeux énormes fixés sur moi... c'était comme s'il m'avait sucé le cœur. Je lui souriais toujours, bien sûr, mais je n'y voyais plus à cause des larmes que je -n'a voulais, pas essuyer devant lui, et que j essayais d'uvaler. Elles sont diablement salées ces lar mes-là, mademoiselle Adèle. Mon pauvre homme était là, à genoux devant le petit; il lui faisait des petites cocottes en pa pier, et lui chantait un air qui l'avait fait rire dans le temps. A certains mots de la chanson qui lui rappe lait une idée drôle, le pauvre petit soulevait les deux coins de sa bouche, et ses joues se gon flaient un peu sous les yeux : on voyait qu'il riait encore, comme à distance, de loin. Notre, enfant n'était plus là, voyez-vous, il étaiteomme derrière un voile..,. Tenez, je ne peux pas seulement penser à cela sans pleurer, excusez-moi !...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
En savoir plus Données de classification - cibot
- droz
- zola
- auber
- ana
- paul
- rossini
- paul saunier
- lasserre
- raquin
- paris
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- laval
- société des gens de lettres