Extrait du journal

Racine, traînant tous les cœurs après soi. Le hasard, ce dieu des cruelles ironies, donne au premier, pour voisin de fau teuil, un imbécile, un fat ou un impertinent, et fait asseoir la seconde auprès d'une guenon quinquagénaire en compte de perruques blondes avec son coiffeur, de jeunesse avec son parfumeur, de sourires avec son dentiste. Assurément, pour être des plus incommodes et des moins agréables, le voisinage est de ceux qui servent de repoussoir à l'esprit et à la beauté : c'est votre opinion, monsieur? c'est votre avis, madame ? et vous voilà déjà à faire provision de fausse mo destie. Eh bien, détrompez-vous l'un et l'autre. Il n'y a d'autre supériorité ici que celle du Pied de nez : il va suffire à cet imbécile, à ce fat, à cet impertinent, à cette guenon, d'appuyer gracieusement le pouce de la main gauche sur l'aile du nez, d'effleurer le petit doigt de la même main avec l'extrémité du pouce de la main droite, en agitant vive ment les huit doigts inoccupés, pour obtenir à vos dépens un succès d'éclat de rire et vous faire jouer le sot person nage de la soirée !...