Extrait du journal

Les lecteurs de l'œuvre d'Alphonse Daudet n'ont pas oublié assurément la description qu'il trace dans les premières pages de son roman Le petit Chose de la « Fabrique »,maison où nous avons passé, lui et moi,plusieurs années de notre enfance. A cette description, je dois au début de ce récit, ajouter quelques traits. La Fabrique était un vaste local enfermant dans son enceinte un confortable appartement pour les maîtres, une terrasse d'où la vue s'étendait sur une aire à battre le blé, des bassins, destinés au lavage des étoffes qui s'imprimaient dans les ateliers, un grand jardin qui, dès le printemps, s'emplissait de fleurs, des massifs de lilas, des arbres fruitiers, une pelouse où les heures de récréation nous ramenaient chaque jour et pour tout dire un ensemble qui tenait à la fois de l'usine et de la maison de campagne. Il était situé dans un faubourg de Nîmes, notre ville natale. Il est devenu plus tard un couvent de Carmélites, et je ne saurais dire à l'heure où j'écris ce qui en a été fait depuis que la loi contre les congrégations en a changé l'emploi. En revanche, le souvenir que j'en ai gardé est gravé dans ma mémoire, et lorsqu'elle l'évoque, il y fait revivre toutes les choses de mon passé d'enfant....