Extrait du journal

Ce doit être un délassement pour un homme politique quand il a prononcé, à la tribune, un grand discours, d'aller en quelque lieu moins solennel en prononcer un petit,' d'un ton naturel et familier. Qui sait même si ce n'est pas a ces occasions qu'il montre le mieux son vrai caractère et'sa vraie pensée? Un banquet où il ne se sent pas guetté par ses adversaires, car il est de tradition que l'on ne convie point ses adversaires à un banquet,^ une réunion amicale sont des circonstances éminemment favorables. Je faisais ces légères réflexions en lisant hier le discours prononcé par M. Barthou au banquet annuel du Cercle parisien de la Ligue de l'enseignement. Dans cette allocution d'une charmante liberté d'esprit et toute dégagée de contrainte politique, le président du Conseil a montré autant de courage, de bon sens, une aussi claire connaissance du moment que nous traversons, que dans ses. rudes combats pour la loi de trois ans et pour l'emprunt. Il a déclaré, en effet, qu'il était un adversaire résolu du monopole de l'enseignement. L'assemblée l'a applaudi ; on n'a point trouvé cette affirmation scandaleuse, et ce matin je ne vois pas- dans la presse radicale d'article menaçant contre M. Barthou. Seul, le journal de M. Clemenceau le félicite avec ironie, et envisage comme un signe des temps que le premier ministre puisse défendre l'école laïque sans vouer a la.destruction les écoles privées....