Extrait du journal

Avouons que le mardi gras fut assez mai gre hier. Il n'y eut pas de cortège, mais sur les boulevards une grande assemblée dé peu ple, qui entravait presqtie complètement la circulation... La grande Réjouissance! de la journée, ce fut les affreux confetti. On voit que la paix est revenue parmi nous, mais on en préférerait assurément d'autres si gnes. Certes, si l'on a gardé quelque raison, l'on ne passe point sur les .Boulevards, le jour du mardi gras, à moins de contrainte ou pour céder à la curiosité, cette admirable qualité, dont; on pourrait toutefois trouver en un jour pareil un plus aimable emploi. Car la promenade rituelle sur les Boule vards n'est plus une agréable flânerie. On n'y prend pas l'air du temps en fumant une cigarette,'en s'attardant aux vitrines des magasins, en souriant à la vie. C'est une marche forcée, quelque chose sans doute comme le « hard labour ». Il est absolument impossible de remonter le courant, et dans cette course vers un but incertain, l'on est bousculé de tous côtés, l'on tombe de Charybde en Scylla : à droite sur une grosse dame qui a trop chaud, à gauche sur un monsieur irritable, que chaque poussée met en colère, mais qui aime mieux la fatigue et l'indignation que d'aller se reposer tran quillement chez soi. Un petit jeune homme fixe, toutes les cinq minutes, à son menton glabre, une barbe postiche, d'une belle couleur rouge. Est-ce à...