Extrait du journal

J'écris cet article à la campagne, un peu loin de Paris, sur les confins de la Bourgogne. Le pays est admirable. Le parc, avec ses arbres aux feuilles roussies,quelques-unes encore d'un vert sombre, d'autres orangées, jaunes, rouges, justifierait la fantaisie d'un aquarelliste impressionniste. Rien ne peut, d'ailleurs, que le pinceau, donner une idée de cette exquise saison d'automne, qui , dans nos climats, n'a que quelques jours, mais uniques au cours de l'année. La nature, la vivante nature, comme il arrive parfois aux êtres qui vont mourir, prend une sérénité rare avant d'entrer dans la mort de l'hiver. Le paysage, simplement agréable peut-être pendant l'été, revêt une solennité étrange : sur le tapis éclatant des feuilles tombées, on marche doucement, craignant de les froisser par trop de bruit, avec le recueillement qu'on éprouve dans une église déserte. Quel apaisement ! Quelle mélancolie douce et profitable, où l'on se reprend, ce que ne permet pas la vie de Paris, avec ses agitations, ses chagrins, ses plaisirs même qui, d'une cruauté presque égale, vous saisissent à la gorge et ne vous laissent pas de répit......