Extrait du journal
des cours variés et qui volent de confé rence en conférence, ils demeurent per suadés qu'à force de vouloir tout savoir, elles n'ont que de la bouillie dans la tête, et ils ont souvent raison. Un soir, dans un salon, j'écoutais la conversation de mon voisin avec une jeune fille du highlife. Elle parlait de" ses études et de son goût pour, les scien ces. Mon voisin, intéressé, se mit à.-lui faire des questions sur ce qu'elle avait appris en mathématiques. Elle répondit « oui » à tout ; elle avait tout appris. A la fin, il lui demanda : > — Vous savez résoudre une équation du second degré ? — De tous les degrés. .Mon voisin fit une moue d'admiration et parla d'autre chose. Il était fixé. J'ai été témoin d'un exemple de fausse science encore pluô extraordinaire, à peine croyable. Si je n'avais pas eu les cahiers entre les mains, si je n'avais pas lu de mes yeux ce que je vais vous dire, j'aurais eu de la peine, je l'avoue, à ajouter foi à une chose aussi burlesque. Une jeune fille passait dans sa famille pour un phénomène. On la menait à des cours quelconques, beaucoup de cours, et son heureuse mémoire lui donnait l'air d'en avoir profité au delà de toute espé rance. Un jour, sa mère, dans son or gueil, me montra les cahiers du cours de philologie. Je tombai sur un chapitre intitulé : Les langues qui ont des k. Cela commençait par une énumération ahurissante des langues qui ont des A, opposées à celles qui n'en ont pas. Ve naient ensuite des explications sur le nombre de A de chacune des langues qui ont des k. Cette dernière insanité , fut le trait de lumière qui m'expliqua le rébus. Je laisse à mes lectrices le. plaisir de le deviner à leur tour. - Franchement, peut-on en vouloir aux hommes d'avoir une médiocre admira tion pour un système d'éducation ca pable de produire de pareilles perruches, même à l'état d'exceptions? Etait-ce bien la peine de nous placer vis-à-vis d'eux sur le pied de personnes qui n'ignorent rien, et auxquelles, par conséquent, on peut tout dire ? Tenez, c'est là mon grand grief contre les mœurs nouvelles, plus encore que de ne pas être secourables aux femmes, .plus que d'habituer les hommes à nous rudoyer parce que nous devenons leurs concurrentes sur la scène du: monde. Le respect de la femme s'en va. On dit tout devant elle. Elle y pousse, elle y provo que i c'est, à ses yeux, le signe de son émLCnçtpIttOff,:c'est-,son. grand' privilège de « femme nouvelle ». Je n'ai'pas besoin de faire remarquer que l'habitude de manquér de respect aux femmes dans les petites choses a ses conséquences dans les grandes. Axvède Barine...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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