Extrait du journal

J'aime, j'ai toujours aimé les chansons populaires; les chansons d'autrefois, les vieux airs si vieux,- si vieux, si lointains que, venant du fond de la Fràricë, et du, fond des vallées, et du. fond de l'âge, ils ne parviennent plus à nous que comme des échos un peu ralentis, un peu essoufflés, un peu hésitants et presque toujours mélancoliques et tendres. Je sais bien qu'il y a aussi les airs gais. Mais voilà, j'aime mieux les autres," et c'est pour cela que je pense d'abord à eux. Et puis,. allègres ou moroses, venues jusqu'à nous sur les belles brises de juin ou dans les bises d'automne, ou à travers le vent sifflant et long de tant d'hivers, elles contiennent tout le mystère des voix inconnues, des voix éteintes, des voix que nul n'entendra plus jamais, et qui jadis, jeunes ou lassées, les ont murmurées tant de fois....