Extrait du journal

Portrait inédit de Caserio, communiqué par la Vie Française de Lyon. L'assassin de M. Carnot est un maigre et blême garçon de vingt ans, auxoreilles écartées, aux cheveux ras, dont la figure longue et plate — une sorte de mas que de Pierrot enfariné— est illuminée par deux petits yeux enfoncés, brillants, obstinément fixes. Plutôt blond cjue brun, la lèvre ornée d'une pauvre petite ombre de moustache qui semble avoir poussé comme à regret, Caserio n'a ni la préco cité ni la richesse de sève de l'homme du Midi. On dirait plutôt d'un gringalet de nos faubourgs qui auraitgrandi sans air et sans lumière dans les ateliers de Paria et non sous le soleil ardent des campa gnes lombardes. Enchaîné jusqu'au seuil de la salle des assises, il apparaît tiré de-ci, de-là, parles gardes qui lui enlèvent seule-, ment au banc des accusés le double ca briolet. Calme, effacé, presque souriant, il parcourt de son regard tranquille de fanatique le cercle de l'auditoire, dé pose à côté de lui sa casquette presque blanche — une casquette de canotier d'Argenteuil — rejette sur le côté le re vers gauche de son complet en drap bleuté et, le poing gauche sur la hanche, il salue de la main droite son défenseur d'office, M" Dubreuil, l'honorable b&» tonnier du barreau de Lyon....