Extrait du journal

LES JOURS SE SUIVENT En quelques mots ' Lorsqu'on est inspiré par la raison et qu'on garde une fidé lité à la sagesse on ne peut con cevoir que survienne ce qui est le contraire de toute raison et de toute sagesse. Chacun de nous conservait en lui cette part d'es pérance qui n'était point un optimisme vague, mais la part de raison qui ne veut point s'é teindre. On voulait croire qu'une guerre avait suffi à l'expérience d'une génération ; une défaite à iexpérience d'un peuple. Mais que vaut le désir des hommes lorsqu'il en est un seul assez puissant pour ne tenir compte d'aucune autre loi que la sienne ?... Les erreurs du passé : vains regrets. Le commentaire philo sophique sur une décision qui, dès à présent, ne relève plus que de la force n'a plus, également, de raison d'clrc. Cependant, ce petit billet voué aux loisirs de la. paix, à ce qui formait les qcâces de la paix, leur variété \ à l'ironie sans âcreté, comment le maintenir sur un ton qui, lui aussi, appartient déjà au passé ? Il nous va falloir vivre avec le présent, le présent le plus impé rieux, le plus résolu ; et recueil lir dans ce présent les messages humains les plus exaltants et les signes de l'espérance. Qu'on ne s'attende pas pourtant y trouver les mots qu'il y a vingi-cinq ans parurent vite trop sonores à ceux pour qui ils étaient écrits. Si cette voix quotidienne doit se maintenir, elle gardera le ton de la simplicité et si possible encore de la sagesse. Le mot surprend ? Mais non, la sagesse encore existe jusque dans la folie. Tout n'est pas dit quand triomphent les forces mauvaises. 'Au contraire. C'est alors qu'il faut s'élever jusqu'à la raison la plus calme et la plus maîtresse de soi-même. On s'y efforcera en gardant aussi cette forme d'espoir qui est la leçon suprême de la vie. Guermantes....