Extrait du journal

d'ordres et dë dictées dont l'inspiration-lui échappe, et, sauf en développant des dons ou des capacités qui débordent son emploi immédiat, il n'a aucune chance d'avancer, exception faite de la politique... A vrai dire, pour un débutant qui a le goût de travailler, -d'obseryer et de s'ins truire, tous les emplois sont bons. Ce qui décidera de la fortune ou de l'infortune de l'employé, ce n'est pas la nature de l'emploi qu'il occupera à ses débuts, c'est l'attitude de passivité ou d'activité, d'inertie ou d'ini tiative, de moindre effort intellectuel ou de recherche du mieux qu'il y prendra. Dans l'immense population dite des em ployés, on discerne deux catégories de tem péraments : ceux qui attendent d'un emploi la régularité des habitudes et le moindre risque ; ceux qui cherchent dans l'emploi qu'ils occupent et dans les sujétions mêmes qu'il leur impose, des éléments pour se per fectionner eux-mêmes sans cesse. La première catégorie contracte souvent une assurance illusoire. Elle est à" la merci de décisions, de prévoyances et de valeurs qui lui demeurent étrangères et sur lesquel les elle n'exerce aucune influence. La deuxième catégorie peut traverser des passes difficiles. Mais comme elle développe ses dons et sa valeur indépendamment de leur emploi occasionnel, elle finit presque toujours par réussir. Aujourd'hui, c'est dans le commerce proprement dit, surtout dans le commerce s'adressant directement aux consommateurs, et dans les industries de transformation, produisant pour le grand public, plutôt que dans les industries d'équipement et dans les entreprises trop « bureaucratisées », que le jeune employé trouvera les meilleures chan ces d'avenir. Il les trouvera d'autant plus sûrement qu'ayant acquis des connaissances techniques, il s'entraînera, d'autre part, à développer en lui la faculté qui l'emporte sur toutes les autres dans la concurrence humaine : la faculté d'observation. Lucien Romier....