Extrait du journal
Les années désignées de ce nom brutal et douloureux, les voici qui arrivent, et comme à l'impromptu. Pour combler les brèches que creusera dans notre armée la dénatalité, voici posé le problème de la prolongation de durée du service militaire. Déjà, sur ce difficile sujet, plusieurs débats ont eu lieu au Parlement. Qu'a déclaré le chef du gouvernement actuel ? « Qu'il adapterait sa politique aux besoins. » « S'il m'est démontré — a-t-il dit au Sénat, il y a quinze jours — qu'il est nécessaire d'accroître les effectifs, je le ferai. » L'hypothèse de cet accroissement ne pou vait être écartée, et le ministre de la guerre ajoutait qu'une solution devrait intervenir '« dans les mois prochains ». Mais à cha que jour, estiment nos ministres, suffit sa peine: M. Wladimir d'Ormesson cepen dant, au cours de l'important article qu'on a lu avant-hier, montrait quel intérêt il y aurait à ce qu'une décision législative pré cédât la discussion du statut international des armements. Se plaçant au point de vue diplomatique, il faisait ressortir les avan tages que procurerait la prolongation du service : là quiétude et la force que nous en ressèntirions, la plus grande stabilité ■assurée à la paix européenne. D'autre part, le réarmement du Reich et la supériorité numérique dés effectifs allemands sont des motifs , sur la gravité desquels il est superflu de revenir. On est en droit de déplorer que le légis lateur n'ait pas inséré dans la loi militaire le principe des mesures qui devront être prises pour ces quatre années ou la guerre de 1914 va faire des vides encore dans notre armée. Si jamais, en effet, situation n'eût rien d'inppiné, c'est bien ce déficit prochain. Spécifiées d'avance pour y parer, les dispositions qui s'imposeront auraient rendu moins lourd le sacrifice attendu. Au contraire, on a donné comme définitif le dégrèvement militaire ; on a considéré en suite comme ùn suffisant recours le dépla cement éventuel des dates d'appel et lès enrôlements volontaires. Ainsi, les prédé cesseurs de ce gouvernement qui aura la désagréable mission d'allonger le congé, ont singulièrement alourdi sa tâche. Ils ont cédé à la facilité ; là comme en toutes les matières, ils se sont dispensés-d'envisager tout avenir plus sombre ; et pourtant l'af faiblissement de notre population était cer tain. Satisfaire l'électeur fut trop longtemps la suprême loi Et la prévoyance ne dépassa pas ce souci de contentement. Par là sont aggravées aujourd'hui les propagandes de l'extrême gauche qui pré sentent comme un maximum sur lequel on ne peut revenir ces douze mois de service, dont tant d'hommes compétents affirment l'insuffisance. . De là vient que nous risquons de voir reprendre des luttes politiques semblables à celles que dut, à la veille de la guerre, sou tenir Louis Barthou contre les socialistes, afin d'arracher aux Chambres la loi de salut des trois ans. Bon sens et patriotisme l'emporteront encore, mais déjà, sur ce sujet, les révolutionnaires confondent à dessein, haineusement, la préparation de la guerre et celle de la défense nationale. Les intrigues parlementaires de 1' « anti fascisme » se grefferont sur ces campagnes, d'autant plus dangereuses que la foule électorale écoute favorablement une prédi cation qui la flatte. Comment ne serait-elle pas disposée à croire inutile une charge qui lui est lourde, incontestablement ? Aussi, de ce point de vue encore, ne devra-t-on pas tarder trop à prendre officiellement parti. I! faudra le temps d'expliquer aux bra ves gens, mal ou point renseignés, que sans être marchand de canons ni fabricant de toiles d'avions, on doit accepter comme nécessaire le renforcement des effectifs. On comprend que le gouvernement n'ait point hâte de voir à l'ordre du jour cette source supplémentaire de difficultés. Mais dans le programme de la session prochaine, ce sujet se place, inévitablement. Ne l'y point faire figurer parce que l'horizon, cette semaine, semble un peu éclairci, ce serait risquer de bouleverser brusquement l'agenda gouver nemental et compliquer le problème même. Henri Vonoven. Avantages accordés à nos abonnés d'un an...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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