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Le Figaro, 4 novembre 1899

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Le Figaro
4 novembre 1899


Extrait du journal

toutes les colonies anglaises demandent des domestiques et sont disposées à les payer cher (suivent les chiffres des gages dans chaque colonie). N'oubliez pas, en faisant votre choix, que nous ne sommes plus au temps ou une femme quelconque, par cela seul qu'elle était femme, constituait un ex cellent article d'exportation et faisait prime aux colonies. Les temps ont changé et les besoins des colonies avec eux. Il y a maintenant de la concurrence pour la chasse au mari. U Annuaire l'insinue discrètement aux personnes du monde qui jugent du présent d'après le passé, et qui se préparent ainsi d'amères décep tions; elles s'embarquent croyant être reçues en reines, et on leur offre une place de bonne à tout faire. Un autre chapitre contient un -abrégé des lois qui touchent directement la femme. L'ouvrière battue par son mari, la. grande dame ruinée par le sien y voient ce que le législateur a fait pour elles, quels sont leurs droits et dans quelle mesure la loi les protège. Ailleurs, c'est l'éducation des filles, ailleurs les asiles pour les malades, ail leurs... Mais je ne puis tout citer ; il fau drait plusieurs colonnes du Figaro, et à quoi bon ? Ce qu'on vient de lire montre assez de quel secours serait pour les Françaises un ouvrage analogue, adapté à nos mœurs et à nos institutions. Le monde civilisé marche tout entier dans le même sens. En tout pays, la famille se désagrège, et il y a de moins en moins: de solidarité entre ses mem bres. Les frères ne s'occupent plus guère des sœurs, les. neveux plus du tout des tantes. Il est donc nécessaire que les femmes isolées, vieilles filles ou veuves, apprennent à se tirer de la vie toutes seules. •Il faut qu'elles connaissent leur situa tion devant la loi, qu'elles sachent faire leurs affaires, celles d'argent et les au tres, qu'elles prennent pied dans la réa lité et comprennent ce que c'est que de travailler, d'avoir un métier, avec ce qu'il entraîne d'esclavage et de tracas ; qu'elles soient, en un mot, armées pour la lutte. II fai^t qu'elles y voient clair dans le monde tel qu'il est fait de nos jours; et rien n'y aide plus que des chif fres bien groupés, des notions positives bien choisies. A chacune ensuite de tirer ses conclusions. Arvède Baxino...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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