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Le Figaro, 5 février 1870

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Le Figaro
5 février 1870


Extrait du journal

torture de l'obscurité, de la solitude et de la faim, il n'y avait point à douter que, pour racheter sa vie, il ne livrât le papier qui le rendait si redoutable. Or, il fallait bien que Guérard, avant de tenter ^aventure, étudiât le chemin et con nût l'endroit où il amènerait son prison nier. Projet hardi! coup de main périlleiix et de nature à faire réfléchir. Pourtant, ce n'é tait point à cela que songeait la duchesse. Elle rêvait tout éveillée. Avec un sourire mystérieux, d'une voix lente et faible comme un soupir, elle murmurait une suàve cantiîlène italienne, l'invocation de Norma. Et,1 les paupières à demi baissées, sous , l'influence de cet air magique, -telle apercevait à travers une brume lumineuse une chambre claire et gaie, de vieux livres épars;, un gros bouquet de violettes, un piano bril lant. Elle entendait vibrer à son oreille une pa.role timidement émue... Elle baignait son regard dans un beau regard d'adolescent loyal et viril, respectueux et tendre... Ellp sentait flotter sur son front une haleine de printemps et d'aurore... • ' Elle pensait à Roger, l'enfant rêveur, le doux poète De même qu'un pauvré, — sou par sou, — compterait son mince avoir, ellp savourait minute par minute le souvenir des deux heures égrenées auprès de son jeune hôte. Heures bénies, halte ensoleillée ati plus fort de l'orage , éclaircie radieuse et bleue pendant la noire tempête de sa vie. Elle aimait. L'amour l'avait envahie, en veloppée tout d'un coup. Et à quel moment! Alors que pourchassée, humiliée, brisée par le remords, pleurant sa jeunesse*morte, ses illusions tuées, sa conscience engloutie dans la honte, elle désespérait de . l'avenir, et du pardon de Dieu ! Maintenant elle espérait, elle croyait, elle aimait. Une flamme subtile amolissait son cœur do glace, le fondait,/imprégnait d'une tendresse infinie. Sa volonté se détendait dans l'extase. Une joie reconnaissante, pres que religieusejnouillait -ses yeux. Elle ten...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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