Extrait du journal

« Ce que je sais le mieux c'est mon commencement, » dit un des plaideurs de Racine. Eh bien 1 moi, mon, commence ment, c'est ce q.ue je sais le moins. J'ai beaucoup de choses à dire, mais il faut avant que je m'annonce au lecteur. Cela est absolument nécessaire- Il parait que jusqu'à ce jour.aucun : chroniqueur n'â osé se soustraire à cette formalité, et l'on m'a dit que je serais perdu si je ne mettais énormément de grâce dans les trois saluts d'usage. J'avoue que cela m'a effrayé et même effrayé beaucoup, car je ne connais rien de plus douloureux, de plus terrible que de se présenter soi-même dans un salon où l'on est connu seulement du maître de la maison. Il semble que cha cun vous épie, surveille la façon dont vous ébauchez un premier salut, compte vos pas et examine comment vous mar chez, si la coupe de votre habit est savante et si votre panta lon est correct. On transpire, on rougit, on blêmit, on se trou ble , on désire permuter avec un condamné montant sur l'échafaud, et l'on finit par une maladresse. Comme j'ai peur de commencer par là je vous dirai tout uniment que j'ai mis sion — jusqu'à nouvel ordre — de chroniquer tous les jeudis, tandis que mon excellent confrère et ami Henri Rochefort continuera à chroniquer le dimanche. Ma bonne étoile fasse que j'aie le même succès que lui 1 Ceci dit, je suis présenté....