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Le Figaro, 6 décembre 1860

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Le Figaro
6 décembre 1860


Extrait du journal

portante et aussi controversée, le Figaro devait cher cher avec soin la lumière ; et, pour puiser des rensei gnements a la source, je suis allé trouver M. le baron de Rothschild lui-même. Voici à peu près la réponse du spirituel capitaliste : — Je ne connais pas un banquier qui, ayant reçu 1,950,000 fr. de moins que la somme à répartir, eût commencé à payer. Faites-vous ouvrir un crédit chea M. Mirés, par exemple, s'il est votre ami, et vous verrez si, lorsqu'il n'aura plus d'argent à vous dans sa caisse, il continue à payer pour votre compte. M. Mirés dit qu'il faut renoncer à un client quand on ne paye plus pour lui. Soit ! Il désire, peut-être payer pour moi et prendre la suite de mes affaires. — Du reste, a ajouté le célèbre financier, j'ai la coaviciioa que l'intérêt 4e l'emprunt romain sera payé dans quelques jours. Voici maintenant l'opinion personnelle du Figaro. Si N. S. P. le Pape avait témoigné le désir que l'on servît à échéance exacte les intérêts de son emprunt, M. de Rothschild se serait empressé de le satisfaire. Mais il y a là-dessous un tantinet de politique, et le Figaro n'a pas le droit d'y toucher. — Hier, un riche Polonais, — exilé volontaire, rouvrait ses salons. La foule s'y précipitait. Les. plus jolies femmes de Paris y figuraient — dans le quadrille des Lanciers, — mais on n'y constatait la pré sence d'aucune des onze mille vierges. Au demeurant, le plus beau bal du monde. Aujourd'hui, le riche Polonais va au café des Varié tés comme un simple mortel. C'est le 29 novembre, la veille des échéances : quelques Parisiens, trouvant la situation tendue, sont d'une humeur exécrable. Un spahis spéculateur, que la liquidation inquiète, se prend d'une querelle futile avec le noble étranger, l'interpelle vivement, et finit par lui inscrire un coup de pied au bas de la colonne des profits et pertes. No tre Polonais est dans un état déplorable ; on l'engage à se faire reporter — chez lui. — Je ne sortirai pas ! s'écrie-t-il noblement; j'ai le droit de rester ici; je suis consommateur! L'affaire n'aura pas de suites. — Un joli petit garçon de quatre ans, fils d'un réfé rendaire à la cour des comptes, après avoir promené dans un jardin anglais, non ses poétiques rêveries, mais bien ses cerceaux à sonnettes et ses dadas méca niques, s'arrête subitement au milieu d'une allée fraî chement ratissée. Illuminé d'une idée triomphante , il amoncelle autour de ses pieds mignons le sable et la terre qui se trouvent à portée de sa petite pelle en bois, puis, saisissant son arrosoir, il en dirige la gerbe li quide sur ses chevilles inhumées. — Que fais-tu donc là, Paul? lui demande son père, qui a de loin observé le manège. — Papa, je me plante pour grandir. — Un journal légitimiste a publié la déclaration sui vante qui, à défaut d'autre mérite, a du moins celui de l'imprévu : « Encore quelques jours, et e roi François II n'aura...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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