Extrait du journal

Les deux laboratoires. C'est sur la rive gauche, le quartier studieux par excellence. Dans un vaste immeuble de la rue de Grenelle, tout en haut, au sixième étage, des monceaux de dossiers sont entassés, tous revêtus d'une chemise bleue, et que cinq ou six jeunes gens, sous la surveillance d'un personnage plus grave, marquent d'un signe cabalistique, après les avoir rapi dement examinés. Toute la journée se passe à ce travail, un peu semblable à celui des pêcheurs de Terre-Neuve qui, du matin au soir, d'une main inlassable, décapitent les morues et les jettent, par tas, au fond des barques. Ainsi les dos siers, par piles effrayantes, s'accumu lent... Non loin de là, cependant, dans un autre immeuble à peu près pareil, situé, celui-là, dans la rue de Varenne, la même besogne machinale s'accomplit. Dans un bureau semblable, au milieu d'un nombre égal de jeunes gens, des dossiers, qui sont jaunes au lieu d'être bleus, jonchent le sol, pareillement marqués du même signe conventionnel. Quand le soir vient, sous la. lampe, le même travail se continue, et il se pour suivra ainsi, monotone et régulier, jus qu'aux premiers jours du mois pro chain... Ce qui s'élabore là, dans ces rues tranquilles, au milieu de ce paisible re cueillement, c'est la grande et double fournée des palmes académiques et des mérites agricoles. Et le calme de ceux qui la préparent contraste étrangement avec la fièvre de ceux qui l'attendent......