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Le Figaro, 6 février 1909

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Le Figaro
6 février 1909


Extrait du journal

Victor (1.) m'avait informé, ces derniers jours, de l'intention de Bismarck de me donner le poste d'ambassadeur à Paris. Entre temps, j'en discutai, avec Marie à Dûsseldorf, quand hier soir, à neuf heures, Bismarck me fit appeler. Il me reçut dans son cabinet, fit apporter des cigares et de l'eau de Vichy et commença par m'entretenir de choses et d'autres. Puis ilpassa à l'ambassade. Il m'exposa d'abord les difficultés de trouver un ambassadeur les grands seigneurs prussiens ne convenaient pas; aussi en préférait-il un qui ne fût pas prussien. Il passa ensuite en revue Pétersboure-, où l'on ne pouvait se passer de Reuss; Londres, où Mûrster faisait merveilles, et Vienne, d'où l'on ne pouvait rappeler Schweinitz, parce qu'il ne convenait pas à Paris. Vienne, d'ailleurs, serait trop peu important pour moi. Et puis ce n'était pas, à proprement parler, un poste d'Empire, de même qu'une guerre avec l'Autriche île pouvait être d'une importance européenne. A Paris, il en était autrement. Toute l'Europe était intéressée à la guerre ou à la paix franco-allemande. En outre, à Vienne, ma position vis-à-vis du roi de Bavière '•serait délicate, tandis qu'à Paris je représenterais également la Bavière. Ensuite, il me raconta sur Arnim tout ce qu'il avait sur le cœur, non sans une certaine amertume. A l'entendre, Arnim s'est bien révélé tel que je l'ai toujours jugé-: vaniteux, égoïste, faux, mais extrêmement adroit. Arnim vient d accepter d'être déplacé à Constantinople par conséquent, de ce • côté pas d'obstacle. Quand l'ambassadeur pour la Turquiesera nommé, Arnim sera rappelé de Paris. Mais pour ne pas indisposer le Reichstag, Bismarck veut remettre sa nomination jusqu'à la clôture de la ses-, sion. Je lui,demandai si je devais écrire au roi de Bavière; cela lui parut tout naturel. Nous concertâmes alors la teneur de la lettre. Bien que le consentement du Roi ne soit pas indispensable, il est bon d'user d'une formule qui lui laisse l'apparence d'un consentement. Quant aux congés, il est facile d'en obtenir de trois mois et plus. Suivant Bismarck, les affaires commencent à chômer avec le départ pour les bains de mer, soit pendant les mois de juillet, août et septembre. Nous ne fîmes qu'effleurer lé côté politique de la question, nous réservant de le traiter plus tard. Bismarck ne"; dit que ceci « Nous voulons la paix; mais si les Français poussent leurs armements de façon à être .prêts dans cinq ans et qu'ils soient résoJus à nous attaquer au bout de ce temps, nous leur déclarerons la guerre dans trois ans. » Il lé leur a donné clairement à entendre. Le grand reproche que Bismarck fait à Arnim, c'est d'avoir renversé Thiers ou de ne l'avoir pas soutenu, alors qu'il le devait. En se consolidant, la France trouvera plus facilement des alliés. Thiers en était moins capable; par conséquent, nous avions tout intérêt à le voir rester en. place....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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