Extrait du journal

Rome, janvier. Il a, ce soir, son bon sourire, un sou rire de veillée reposante après le tra vail. Une lampe: tranquille éclaire notre entretien sous de grands tableaux. Mais la vraie lumière vient de lui, de son esprit libre pour un moment de ne plus faire de diplomatie, de son cœur qui est content d'avoir réussi. Cette réussite d'un accord avec la France rend le Duce tout rayonnant d'humanité. Com me on le devine sensible derrière ce visage dont les traits sont, au premier abord, d'une volonté qui fait peur ! Peu m'importe, ce soir, la figure qué lui donnent les peintres, les sculpteurs et les photographes ! Je vois un homme carré, jeune d'humeur, qui dé crit les angoisses de notre civilisation avec une maîtrise nuancée et sans em phase, semble dominer autrui par son expérience de la vie plus encore que par son pouvoir de se faire obéir, et chez qui, rencontre très rare, la hau teur des facultés de commandement n'a aboli aucune finesse, aucun plaisir de comprendre, aucune de ces corres pondances subtiles de l'âme que l'on appelle l'intuition, un grand chef, enfin, qui sait non seulement sourire, mais rire de bon cœur. Il veut bien s'intéresser aux efforts de notre Figaro. Je prends cela, bien entendu, pour une politesse. Mais il insiste, rappelle l'histoire déjà longue dé notre journal, s'enquiert de nos pro jets d'avenir, donne ses impressions...