Extrait du journal

Et qu'on ne m'accuse pas d'ingratitude, je n'oublie pas la Part du diable, ni Asmodée, ni mon enfance scribolâtre. Je ne réclame pas la mort de l'opéra comique, je n'en demande que le renouveau. Levez la main, vous tous qu'agace et qu'exaspère cette alternance horrible du parler et du chant, de la conversation et de la tyrolienne, du réel et de l'idéal ! Oh ! ce genre (spécialement français) qui veut qu'un aubergiste s'avance tout d'un coup, sous un prétexte, lâche son plateau, et mettant la main sur son coeur, se mette à chanter: «Je suis le joyeux tavernier I...» Situes le joyeux tavernier, misérable, prouve-le, au lieu de perdre ton temps à te célébrer toimême. La réforme est là,et je vous jure, bons bourgeois de Paris, que ce Wagner dont on vous fait peur n'en veut pas d'autre. Si la jeune et belle couturière doit coudre dans la pièce, il supplie qu'elle ne s'attendrisse pas d'abord sur le malheur de son aiguille et qu'elle ne lui crie pas, sur un signe de croix de M. Danbé :« Cours, mon aiguille, dans la laine !... » L'aiguille ne l'entend pas, si nous l'entendons, et ça lui est absolument égal de courir dans la laine, le coton ou la soie, à l'aiguille....