Extrait du journal

La catastrophe du dirigeable anglais, tombé en flammes à quelques kilomètres de Beauvais, a réveillé dans le cœur de tous les Français les souvenirs douloureux qui ont créé entre les deux nations une inoubliable fraternité. Ce sont les grandes épreuves que la nature inflige aux peuples comme aux individus qui, en nous fai sant cruellement servir notre faiblesse, nous rapprochent et nous invitent à nous appuyer les uns. sur les autres. Il suffit de souffrir enseinble pour, s'aimer. Anglais et Fiançais portent aujourd'hui un même deuil. Ils saluent avec un même respect les cendres des hardis navigateurs de l'air. . . Lord Thomson et ses compagnons sont les glorieuses victimes non seulement d'une expé rience richè de promesses pour l'humanité, mais du vieil et..traflitipjinel attachement, des Anglais à l'Empire. Ils ont succombé à l'iiéroïchié tèntation de rapprocher les Indes de la ' métropole, d'unir d'un bond vertigineux Londres et Bombay. Ils partaient à la conquête de l'air pour « resserrer » la pairie britannique Le point de départ des grandes entreprises est dans la région des idées, a-t-on dit, et rien n'est plus juste. L'idée de patrie n'a point cessé de faire des héros. Aucun échec n'a jamais découragé les An glais. On dirait même qu'ils aiment l'adversité parce qu'elle.leur propose de nouveaux devoirs et leur ouvre de nouvelles initiatives. Vaincus hier par les forces conjurées des cléments, vous pouvez tenir pour certain qu'ils reprendront vite la lutte, et leur audace sera demain rai son.— Lucie.v Corpechot....