Extrait du journal

Gaillard père, le chef des barricadiers, paraissait si fier de son œuvre que, le 20 au matin, nous le vîmes en grand costume de commandant, quatre galons d'or à la manche et au képi, des revers rouges à la tunique, de grandes bottes à l'écuyère, les cheveux longs et flottants, l'œil assuré, commander une mise en scène qui fut exécutée aussitôt. Pendant jtuô des gardes nationaux empêchaient là circulation du public sur une partie de la place, le barricadier vint fièrement se poser à vingt pas devant son œuvre, et fâ, le poing sur la hanche, fit faire sa photographie. Un malheureux passant, ;youlantx voir, de plus près, faillit être écharpe par ledit Gaillard, qui lui reprochait^ de vouloir faire manquer un tableaù si patriotique. Cette exhibition si grotesque me rassura complètement sur la valeur et le mérite de cet individu. Pendant les journées des 20 et 21, les ouvriers employés 'à terminer la construction.de la. barricade furent envoyés on avant pour protéger la première ligne qui paraissait devoir être attaquée d'un moment à l'autre. Aussi un calme relatif iégnait-il aux abords de la place. La nuit du 20 au 21, une terrible fusillade vint 'â nos -oreilles; je crus que l'heure ifle la délivrance avait enfin sonné. A quatre heures du matin surtout, les coups se succédaient sans interruption. En un instant, le personnel fut sur pied, prêt à tout événement....