Extrait du journal

Pour vous, Elus de la Cité, Paris a des élans sincères, — Ce soir, au front des plus sévères Chante la cordialité. Ce n'est plus le Paris guindé Dans un rite protocolaire, C'est Paris jeune et populaire Qui se donne à vous sans fierté. Car vous avez fait sa conquête En des jours qu'on n'oubliera plus, Lorsque Londres, de fête en fête, Acclamait enfin nos élus ! Paris a surpris vos tendresses Quand il vit aux balctms en fleurs Vos drapeaux, ayee des caresses, Se mêler à nos trois couleurs. Et Paris vous donne son âme Toute frémissante aujourd'hui. . Paris à son tour vous acclame Devant l'Avenir ébloui ! Et la chanson nous monte aux lèvres, La chanson ivre de gaîté Qui vient ruisseler sur nos fièvres En cascades de volupté 1 Cefte vieille chanson française Jeune et libre comme autrefois, Mêlant ce soir la verve anglaise Au rire éternel des Gaulois; La chanson légère, en dentelles, Qui voltige adorablement, Et se paillette d'étincelles Pour s'envoler au firmament !... Et demain, au long des veillées, Vous vous rappellerez, chez vous, Nos musiques ensoleillées, Nos rires éclatants et fous I Nos orchestres aux chants sublimes Epris d'amour et de beauté, Emportant l'âme sur des cimes D'idéal et de majesté 1 Nos poètes au bon sourire Qui nous font pleurer par moment, Et l'Angleterre de Shakspeare Saluera Molière en passant 1 Et,sur la Tamise qui traîne Ses mystères loin des clartés, Et^stfr « Guildhall » où, souveraine, Chante la voix des Libertés; Sur la Tour où des ailes d'ombres Se heurtent désespérément Dans les silences.'gris et sombres Qui s'effeuillent du firmament ; Sur Westminster, sur votre histoire,Parmi les vieux marbres glacés Où retentit encor la gloire Des siècles immortalisés ; Sur Saint J ames aux galeries Désertes, quand les vents berceurs Sèment leurs molles rêveries ; Sur Buckingham et ses splendeurs ; Sur vos donjons, sur vos tourelles, Vous, les Elus dé la Cité, Comme au vol d'invisibles ailes Frissonnerait l'Humanité, Vous sentirez, dans le silence De la capitale au repos, Palpiter l'âme de la France Aux plis sacrés de vos drapeaux I R. Christian-Frogé....