Extrait du journal
à 12 millions l'impôt prélevé par celte grande artiste sur l'admiration ou la curiosité universelle | Deux de ces millions, approchant, constituent la for tune qu'elle laisse à sa famille, à ses deux fils. Nous n'entreprendrons pas ici, et au lendemain môme de cette mort, qui est une des plus tristes dates du nécro loge de l'art européen, une biographie régulière de la femme illustre que sa profession, que ses passions ont tuée. C'est hier qu'elle mourait à deux cents lieues de Paris ! Que pourrions-nous dire d'elle, entre sa mort même et ses funérailles ? Est-ce le moment déjà de porter uu jugement sur cette -tète-et ce>ecmpmeom4ièâes4'~- -- Non. Ce jugement eût-il été tracé déjà, à l'époque où l'illustre femme le provoquait par sa prestigieuse pré sence, que ce n'est pas l'heure de le mettre au jour, sur tout dans toute sa sincérité, el ses réserves... Mais de ces notes lentement préparées à dater de l'heu re où mademoiselle Rachel put sembler perdue — pour son art, sinon encore pour ses amis ! — nous pouvons, à la hâte, douloureusement et fermement, extraire une foule de faits, d'anecdotes, de traits, de mots qui doi vent dès aujourd'hui montrer cette femme illustre et char mante sous les divers aspects de sa nature étrange, mal connue, — sorte d'énigme vivante dont elle-même a, plus que personne, cherché le mot... Nous pouvons prélever sur ce travail, qui sera publié très complet sous peu de jours,' bon nombre de lettres de toute sorte, où se reflètent tour à tour ses impressions, ses passions, ses travers, son bien vif et prestigieux es prit, son amabilité et sa grâce peu communes ! Ces let tres n'ont pas besoin d'être certifiées : qui les pourrait écrire ! Toutefois, celui qui les lira est maître de céder à l'offre que nous faisons d'en montrer les originaux, dont la plupart sont notre propriété, ou celle de nos amis. Qu'ajouter encore, hélas ! à cette exclamation désolée, pour ses amis, pour les amis d'un grand art : a Mademoi selle Rachel est morte ! » 11 est malheureusement impossi ble de s'écrier, à propos de cette reine tragique, ce qu'on s'écrie à propos des rois du monde ! Elle est morte... ét tout son art, un moment galvanisé par sa flamme, trépasse avec elle! Ne pleurons que la grande artiste....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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