Extrait du journal

Il est certainement plus aisé de trouver un président du Conseil qu'un directeur de l'Opéra. Si, dans un avenir prochain, M. Jules Ferry quittait le pouvoir, il serait remplacé dans les quarante-huit heures, tandis que la mort de M. Vaucorbeil jette la perturbation dans .es affaires de l'Opéra ; de là, je conclus qu'il est plus facile de gouverner la France que l'Académie nationale de musique, et quel que soit le successeur de Vaucorbeil, souffrez que je le plaigne dès aujourd'hui : pa!s de poste plus périlleux que celui de directeur de l'Opéra ; beaucoup de peine et peu de gloire ; peu d'argent à gagner et facilement une fortune à perdre ; une double responsabilité artistique et commerciale et une autorité toujours battue en brèche par les exigences des uns et les privilèges des autres. Le malheureux Vaucorbeil est mort de sa direction autant que du mal qui l'a emporté en une semaine. Gomme oraison funèbre, après la première émotion du cimetière, on dit déjà qu'il était temps qu'il mourût. Les affaires de l'Opéra sont dans un fort mauvais état;-on a perdu beaucoup d'argent; le règne de M. Vaucorbeil n'a pas été heureux, c'est certain ! Est-ce sa faute ? On ne se donne pas la peine de le rechercher : Voe victis ! Encore quelques mois, et ç'eût été un vaincu tout à fait ; peut-être a-t-il bien fait de mourir pour se soustraire aux mi sères de l'homme qui ne réussit pas....