Extrait du journal
Vous laisseriez, madame, un tel luxe de phrases. Tous ces grands mots oiseux et si vides de sens Sont faits pour les bourgeois, eux qui paient le cens. dalila. Eh ! bien, je vais parler sans nulles paraboles. Ecoutez, Don Juan, le sens de mes paroles ; Et puis, en imposant la main sur votre cœur Osez me dire encor : Je suis homme d'honneur ! Alors je vous croirai. — Quelqu'un que je dois taire (Car tout dans cette histoire est un affreux mystère), M'a dit où vous étiez, Don Juan, l'autre soir... Ce soir, vous savez bien ? où je ne pus vous voir Malgré mon grand désir... où, quand la douzième heure Tinta, j'étais encore priant dans ma demeure, Agenouillée ici, me confiant aux cieux. La mort au fond de l'ame et les larmes aux yeux. Vous vous troublez, je crois?... don juan (bas). Que le diable l'emporte Celle ou celui qui put lui dire... mais qu'importe Je nierai tout... (haut) après... après .. après... après, Car de m'irriter fort, oh ! vous faites exprès ! Vous allez me chantant je ne sais quelle histoire Qui remonte à des temps fabuleux... ma mémoire Se fatigue et se perd en vos lointains calculs... Soyons de notre temps... dalila (avec explosion). Vos démentis sont nuls ! Je sais tout ; je sais tout, votre crime et ma honte. Ainsi donc permettez, monsieur, que je les conte. J'en mourrai, je le sens ; mais si j'en crois mon bras, J'espère qu'avec moi, Don Juan, tu mourras! Celte femme, réponds, tu la trouves donc belle Que tu puisses ainsi devenir infidèle ! C'est affreux ! lorsque moi, pauvre ange de douceur, Pour t'aimer je n'ai pas assez de tout mon cœur Quand je t'ai consacré tout entière ma vie ; Quand tu fais mon bonheur, quand tu fais mon envie; Quand je voudrais pour toi répandre mon sang chaud; Quand je suis plus à toi que ne l'était Sancho A Don Quichotte... Eh ! bien, voilà que tu m'abuses. Mais j'ai su, Dieu merci, triomphant de tes ruses, J'ai su t'apprécier à la juste valeur, Homme sans foi, ni loi, sans probité, sans cœur. don juan. Ah ! ça mais... dalila. Je sait tout, vous dis-je... el je le prouve...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
En savoir plus Données de classification - lamartine
- hugo
- de lamennais
- pommier
- védel
- paris
- colbert
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