Extrait du journal

mêmes-cris, plus nourris, retentissent, il se retourne, impassible, et du milieu de l'escalier examine la foule où il compte évidemment plus d'amis que d'ennemis, car le cri de : « Vive Zola. 1 » permet à peine d'entendre les autres. Et c'est ainsi qu'il entre dans la salle des pas-perdus, bondée d'avocats, pie journalistes et de curieux, dont beaucoup le saluent avec respect.: Au dehors, un assez curieux incident se produit. Comme on ne voit plus Zola, c'est à sa voiture que les antisémites s'en prennent. Ils invectivent le cocher qui s'éloigne sans comprendre. On se met devant les chevaux en criant : « A bas Zola ! » r— Vive Zola! leur jette au nez, d'une voix de tonnerre, un passant indigné. C'est sur ce malheureux qu'on se rue en criant: «A l'eau!» Il prend le bon parti de se sauver. On le poursuit en le huant. Il traverse la chaussée du PontNeuf. «A l'eau, à l'eau!» Par bonheur, des agents ont couru à gauche, à droite delà foule; ils viennent se mettre contre le parapet et repoussent les antisémites dont quelques-uns crient : « Vive la France ! Vive l'armée ! Vive la police ! » "Ils les dispersent sans charger. Les or dres sont très précis : « Faire observer doucement l ordre dans la rue sans tenir •compte des eus pxotére > * Comme, durant toute cette matinée, le temps a été très beau, on se promène avec plaisir. Alors les manifestants s'a musent à faire, tous cette fois, le tour du Palais ou celui des deux groupes de maisons qui se dressent à droite et à gauche de la place Dauphine. On les chasse d'un côté, ils reviennent de l'au tre. Mais tout à coup le soleil s'éteint, le ciel se brouille, une averse tombe. Pour faire le vide, la pluie vaut encore bien mieux que les agents ! L'intérêt d'ailleurs est désormais dans le Palais. Ch. Chincholle....