Extrait du journal

Il est arrivé à tous ceux qui aiment le plaisir, le rire, la vie facile, le vin vieux et les jeunes amours, d'enten dre au milieu des joyeuses clameurs d'un banquet, la voix du malheur, les lamentations douloureuses frappant auxvitres.de la salle du festin, comme les âmes en peine dont parle Zcooke frappaient les vitraux des églises. — Alors les chansons de table étaient interrompues, les verres étaient jetés à demi pleins par les buveurs sérieux, les mains entrelacées par l'amitié s'ouvraient pour la charité ; on traitait l'infortune en sœur, en prin cesse suzeraine ayant droit absolu sur tous les cœurs, et le doyen, se levant avec respect, lui çédait la place d'honneur. Ainsi fera Figaro, a la vue de cette grande piisère des inondations, qui mêle tant de larmes aux flots tumul tueux des fleuves et des rivières en courroux, — à ce banquet de l'esprit français dont il met chaque jour la nappe, en cherchant à varier le menu de son mieux, il demande aujourd'hui le bout de la table pour cette douce vertu théologale, qui n'est ni intolérante, ni bégueule, qui passe fêtée et respectée au milieu des arts qu'elle ins pire, des lettres qu'elle ennoblit, du monde qu'elle con sole, des folies qu'elle excuse et qu'on nomme la Cha rité. C'est a vous, chers lecteurs, que nous passons avec confiance notre liste de souscription.— C'est à vous qu'il appartient de faire a cette vertu timide le plus gra cieux accueil. — Ne croyez pas qu'elle s'effraie de se trûuver en si caustique compagnie ; — les esprits les plus gais puisent leur verve dans les cœurs les plus sensibles, — le sourire est si près des larmes! C'est pareeque nous sommes sans pitié contre la sottise adulée, la richesse mal acquise, le talent usurpé, que nous nous sentons émus devant ce sinistre terrible qui ravage les campagnes et décime nos populations.— Nous enten...