Extrait du journal

L'ŒUVRE DE PAIX La pensée que c'est peut-être aujou rd'hui, que c'est en tous cas un jour très prochain la fin du carnage par la victoire des Alliés, soulève le plus noble enthousiasme.L'assemblage monstrueux de forces qui a déchaîné cette tuerie est à jamais dissocié ; les personnages qui l'ont mis en œuvre sont déshonorés et réduits à l'impuissance ; la nation où il s'est formé voit ses armées en déroute, son prestige évanoui, son industrie obligée de travailler pour le vainqueur et, en perspective, d'effroyables" désor dres et la menace des guerres civiles. Pour la première fois de l'histoire on assiste à une manifestation souveraine de justice. Justice totale c'est vraiment le malfaiteur qui est châtié, vraiment le coupable qui est puni. L'espérance de renouveler son crime lui est enlevée, à la portée du moins du regard humain. Ses victimes si cruellement meurtries seront vengées. Elles- commencent a l'être déjà par ce prodigieux aveu de défaite qu'est la démarche des parle mentaires ennemis. Mais il ne faut pas trop s'arreter a la haute signification morale de tels événements, ni à l'apaisement qu'ap porte aux âmes tourmentées cette re vanche magnifique de l'humanité et de l'honneur. C'est désormais la dure réa lité de la paix à conclure qui appellera tous les efforts ; c'est l'arrangement européen capable de maintenir cette paix et de la préserver de la souillure révolutionnaire et bolcheviste. Car ce que n'a pu réussir le militarisme allemand, c'esl-aydire asservir le monde, le bolchevisme va l'entreprendre à son tour. Ce sont les deux fléaux des temps mo dernes. L'un conjuré, l'autre va chercher à prendre sa place, à s'installer dans ses ruines. L'œuvre de paix ne sera achevée que lorsque la civilisation, ayant triomphe du premier, se sera débarrassée du second. Alfred Càpus, > ■ de l'Académie française....