Extrait du journal

Dans sa charmante étude sur le sport, qu'il vient d'écrire pour le livre du baron de Vaux, Alexandre Dumas a traité en passant laquestion du duel; l'éminent écrivain raille le duel apéritif qui finit par un déjeuner et le duel au pistolet qu'il appelle inoffensif. Ces théories, soutenues cette fois par un homme à qui le talent donne toutes les autorités, seront fort bien accueillies dans le monde où l'on ne se bat pas ; on y croit en effet qu'une rencontre à l'épée est un innocent divertissement et qu'un duel au pistolet est une pure formalité où deux balles en liège disent le dernier mot sur l'honneur. Comme remède à ces rencontres, Dumas propose une loi qui punirait d'une amende de dix mille francs et d'un emprisonnement de deux années le duelliste qui n'aurait pas tué son homme ou qui, au minimum, ne lui aurait pas fait une blessure grave le couchant sur le flanc pour un mois. A ce compte-là, sur cent galants hommes qui se seraient mesurés avecleurs adversaires, quatre-vingt-dix-neuf iraient en prison, car rien n'est plus difficile que de tuer un homme sur le terrain, et les blessures de cette gravité sont d'autant plus rares qu'il suffit souvent d'uneégratignure pour rendre la continuation du combat impossible....